Aujourd'hui, je vais vous parler d'Angela, originaire d'Auvergne, que j'ai rencontrée lors d'un de mes ateliers à Paris en mars 2023. Dès notre première rencontre, elle m'a immédiatement captivé par son amour viscéral pour l'Italie, démontrant sans aucun doute que l'héritage italien n'est pas nécessaire pour se sentir italienne jusqu'au fond des veines. Ce n'est pas un hasard si j'utilise l'expression "jusqu'au fond des veines" : son prénom, Angela, a été donné en hommage au célèbre chanteur italien Angelo Branduardi, dont son père écoutait en boucle les chansons pendant son enfance.
Cette Gigi est une globe-trotteuse tout comme moi. Nous avons suivi des chemins similaires à l'étranger, vivant d'abord à Birmingham, puis à Édimbourg. En plus de notre penchant pour l'aventure, nous partageons des intérêts communs tels que l'histoire et l'art, avec une passion particulière pour la Renaissance italienne.
Son amour pour l'Italie ne se limite pas à l'influence musicale de son père, il a également été nourri par sa passion pour le cinéma italien, qu'elle considère comme un miroir de la société italienne. Depuis longtemps, elle rêvait de s'immerger complètement dans la culture italienne, et croyez-moi, elle était bien préparée. Elle maîtrisait déjà la langue italienne à un niveau avancé et m'a annoncé qu'elle partirait bientôt s'installer à Florence. Mon atelier était en fait un cadeau de départ de ses collègues qui étaient bien conscients de son obsession pour l'Italie.
Curieux de connaître son avis sur cette aventure qu'elle avait entreprise, quelques mois plus tard, j'ai repris contact avec elle. Je suis très content de savoir qu'elle était absolument enchantée de la façon dont tout s'est déroulé. Elle était littéralement devenue une citoyenne d'honneur de Florence, parlant de cette ville comme si elle en faisait partie depuis toujours. Je l'ai retrouvée plus passionnée qu'auparavant et elle m'a appris de nombreuses traditions locales que je ne connaissais même pas, comme par exemple le couronnement du Lion Marzocco de la Piazza della Signoria, qui a lieu chaque année devant le majestueux Palazzo Vecchio. Elle m'a également régalé d'anecdotes fascinantes, comme celle de la fleur de lys florentine demandée en droit d'utilisation par les Médicis à Louis XIV en échange d'un soutien financier à la France, entre autres récits captivants.
J'ai eu la chance de découvrir qu'elle avait décroché un emploi au prestigieux Istituto de Medici de Florence, après quelques mésaventures dans différents lieux de travail qui ne l'avaient pas découragée. Elle s'occupe désormais de l'orientation des stagiaires, un poste qui correspond parfaitement à sa vocation multiculturelle et à son parcours d'études en coordination et médiation dans le domaine des relations et projets interculturels
Je constate avec étonnement qu'elle s'est parfaitement intégrée à la vie florentine et a noué des amitiés au sein de l'association Gli Angeli del Bello, dont elle est bénévole et dont la mission est de préserver la propreté de la ville. Elle me parle de Giovanni, son ami au sein de l'association, et par la même occasion, elle m'apprend encore une autre anecdote : le prénom Giovanni est intimement lié au saint patron de Florence, avec une célébration traditionnelle en grandeur nature qui se déroule tous les 24 juin dans la ville !
L'esprit jovial et ouvert de Gigi lui permet de ne pas manquer d'amis, aussi bien au sein de l'association qu'en dehors. Elle côtoie des Florentins pur jus ainsi que des Italiens venant de partout. En à peine six mois de résidence, elle semble avoir parfaitement saisi les nuances culturelles parmi les différentes régions italiennes, sujet que nous avions abordé de manière très intéressante pendant l'atelier avec tous les participants !
Naturellement, nous n'avons pas manqué de parler de gastronomie, et Angela m'a fait part de son étonnement en découvrant le beurre italien, si différent du beurre français. J'étais tellement fasciné d'entendre cet amour débordant pour ma ville préférée en Italie que je ne me suis pas rendu compte que le soleil à l'extérieur de la fenêtre de mon atelier à Paris se couchait, et que cela faisait plus d'une heure que nous parlions au téléphone. Angela ne perd pas une occasion de me rappeler à quel point elle est heureuse de passer cet appel depuis la terrazza (le balcon) de son appartement florentin.
Je lui demande donc si elle voit Florence comme une étape dans sa vie ou si elle compte y rester à temps illimité et la réponse m'interpelle profondément : Elle me dit qu'à ce stade elle n'a certainement pas fini avec cette ville, mais qu'elle vient tout juste de commencer et que malgré elle ne connaît pas la réponse définitive à ma question, elle ressent que chaque fois qu'elle s'éloigne de la ville, sa sensibilité lui procure une envie d'y revenir, comme si Florence était pour elle, magnétisante.
Nous nous sommes quittés sur cette note de réflexion, et depuis la fin de l'appel, je n'arrête pas de penser à mon parcours de vie personnel et professionnel qui m'a amené à donner aujourd'hui des cours de cuisine sous l'insigne d'Orgasta.
Exactement comme lorsque j'étais enfant en vacances dans le village de ma grand-mère: Des liens se tissent autour d'une table, où bien sûr, sont toujours présents la convivialité, le plaisir et ne peuvent pas manquer... des pâtes fraîches.
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